Il était une fois, un monde fut en proie à la mort et la destruction, à la corruption et la tromperie, à l’absence de justice et l’oubli des héros. Un monde où plus aucun avenir n’était attendu. Sauf pour une famille qui accueillit un jour son nouveau membre. Ce jour-là la famille Niveren compta Yoligan parmi ses protégés. Elle était implantée dans la campagne loin des conflits et sa famille fut heureuse de sa naissance tout le long de son enfance accompagnée de sa sœur aînée, ses deux parents et son grand-père. Rien ne semblait ainsi rompre cette paisible existence qu’était la leur. Jusqu’au crépuscule de cette innocente réalité.
Yoligan, à l’aube de ses sept ans, reçut une lettre de la capitale. Il était écrit qu’à la fin de son printemps, l’État mondial le prendra sous son aile et fera de lui le grand homme qu’il souhaitera. Heureux d’une telle promesse d’avenir, il s’empressa de prévenir le reste de sa famille. Cependant…
Au lieu d’être tout aussi joyeux que lui, ses parents eurent l’air lugubre. La mère se jetant dans les bras de son mari et pleurant au grand Dieu pourquoi un tel sort leur arrivait inquiéta fort notre petit Yoligan. Il demanda alors pourquoi ses parents étaient si tristes. Son père lui répondit que tous les ans une nouvelle rafle d’enfants était réalisée au hasard, annonçant par lettre qui sera choisi pour étudier à la capitale. L’enfant crédule posa pourquoi c’est si mauvais au point de les attrister, son père dit en retour qu’aucun élève ne revenait jamais de leur école. Ce qui fit éclater la mère en sanglot et le fils qui accourut alors vers ses parents et sa sœur, ayant tout entendu, les rejoignit. Ainsi finit la jeunesse innocente de Yoligan.
Les années passèrent et l’enfant élu grandit. La date butoir approchant son père ancien forgeron et sa mère mage lui apprirent les ficelles de leur métier en plus des cours qu’ils avaient à l’école de leur ville sa sœur et lui. Ils ne pouvaient fuir un État mondial, la famille de l’enfant déserteur était systématiquement traquée puis éliminée. Ce n’était plus de leur âge tout ça. De plus avec la doctrine actuelle c’était un grand honneur que de pouvoir étudier à la capitale. Les élèves avaient tous les moyens possibles et imaginables pour apprendre à devenir l’élite, « l’Espoir du Monde » comme répétaient les professeurs. Malgré le fait qu’ils étaient une petite minorité de choisis parmi les quatre coins du globe, personne ne cherchait à l’embêter. Après tout il était devenu le préféré de tous les adultes, on se demande bien pourquoi.
Des cours particuliers lui étaient imposés : étiquette et bienséance, magie supérieure et mathématiques appliquées… de quoi le former à penser comme un adulte en très peu de temps alors qu’il avait à peine atteint l’adolescence, ce qui eût pour effet de le faire faire école buissonnière sur pas mal de matières… et rougir bon nombre de professeurs sans le montrer. Rapidement il développa une personnalité d’enfant gâté pensant que tout lui est dû sans que personne ne le contrarie et s’éloigna de sa famille mois après mois… années après années… Jusqu’au jour où ses parents ne purent plus rien lui apprendre de plus et atteignirent leur limites de connaissances. À présent l’enfant que sa famille connut n’était plus un enfant incapable. Malgré ses changements de mentalité ses parents voulaient qu’il se rende compte de lui-même ses erreurs, puisque désormais son sort n’était plus de leur ressort. Leur enfant était devenu grand et sa sœur s’était jurée de le retrouver lorsqu’elle aura fini ses études de scribe magique. Ils se promirent alors de se revoir un jour.
Arrivé par transporteur arcanique, un engin massif de vol fonctionnant sur un système hybride entre la mécanique et la magie, il fut accueilli par ses professeurs avec ses futurs compagnons de classe. Les cours qu’ils suivaient les préparaient à plusieurs domaines qu’ils choisissaient en fonction de leurs affinités. Yoligan choisit la stratégie et la physique hybride, voulant lier ces deux domaines une fois adulte. Comme eux il était traité royalement même s’il ne retournait pas toujours autant de respect à l’étiquette. Il n’aimait pas le superflu, déjà il pensait efficacité. Et personne n’avait le droit de le contrarier sinon c’était la menace de se faire renvoyer. Alimentant la haine et l’hypocrisie des servants et professeurs. C’était ça, être l’Espoir du Monde.
Si seulement c’était le seul élève… Une majorité d’autres étaient comme lui. Poussant le personnel à devenir de plus en plus hostile à leurs caprices. Ce qui résulta à un soulèvement qui opposa la garde aux nombreux employés. Et c’est ainsi qu’il put se faire remarquer parmi ses camarades de classe.
Lors de ce soulèvement, d’autres citoyens en profitèrent pour manifester et tenter de renverser la capitale afin de « mettre un terme à toute cette folie de dirigeants corrompus ». Pourtant ce sont ces mêmes dirigeants qui l’avaient choisi, qui lui avaient permis d’apprendre plus que les autres, qui lui avaient promis un avenir heureux pour lui et sa famille… Il ne pouvait laisser sombrer ceux qui lui ont offert tout ça. Il décida de former un groupe de sabotage avec ses compagnons pour s’occuper de ces rebelles afin de protéger ce qui était devenu leur nouvelle maison. Ce qui eut un effet considérable, les rebelles ayant sous-estimé les capacités de l’Espoir du Monde. Ayant regroupé les capacités des différentes années et profité de ses aînés pour en apprendre sur le tas, il put les guider grâce à son charisme à travers les échecs et réussites de leur escouade. Ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux des officiers militaires qui virent un grand potentiel en ce jeune homme ayant à peine la vingtaine d’années.
La rébellion mise en déroute et la majorité des responsables arrêtés, on lui offrit de rejoindre l’armée en sous-officier. Ce qu’il accepta d’un flegme particulier, mettant en lumière quelques doutes vis-à-vis des impressions de ses futurs supérieurs envers lui. Comme s’il avait prévu qu’on viendrait vers lui. Mais ils rejetèrent la possibilité qu’il soit dangereux lorsque Yoligan décida de rejoindre l’armée depuis le bas de l’échelle. Contrairement à ce qui lui a été proposé. Pensant qu’il était pas si intelligent que cela.
Il se fit des amis proches et appris sur le terrain comment vivent et agissent les soldats qu’il a l’intention de diriger. C’était une des raisons pour laquelle il voulait débuter depuis le bas de l’échelle. Grâce à ses aptitudes il n’eût cependant pas trop de soucis pour monter en grade, ayant assez de temps entre chaque palier pour le comprendre. Et à sa trentaine que tout bascula.
Étant resté un homme de l’ombre parmi ses frères d’armes, sa montée fulgurante de grades ne fut pas trop reconnue. Seuls les officiers l’ayant remarqué et ses divers contacts utiles liés avec le temps le connaissaient. Ce qui était plutôt pratique puisque bon nombre de militaires étaient des choisis par l’État mondial, il pouvait rester discret et ne pas susciter la jalousie de ses confrères. Cette prudence excessive fut remarquée par l’un des officiers. Kariss Landers. C’est celui qui lors du conseil des officiers avait refusé qu’on l’engage en sous-officier, ayant remarqué le vrai but du zèle de Yoligan. Purger l’État mondial des dirigeants corrompus.
Lors d’une mission, on ordonna à Yoligan de diriger une équipe d’élite en éclairage afin de saboter la base centrale de rebelles et préparer une frappe éclair. La mission se déroula sans accrocs cependant l’attaque fut donnée trop tôt, ce qui compromit leur infiltration. Les gardes alertés, ils furent piégés. Puis capturés.
Le plus surprenant ne fut pas l’attaque prématurée, mais lorsque que le chef de la rébellion Breig Thomas lui apprit après avoir exécuté ses camarades que Kariss Landers l’avait vendu en échange de victoires factices pour augmenter son prestige et monter en grade. Abasourdi, il comprit alors que la rébellion même était une vaste blague. Un moyen pour les dirigeants corrompus de jouer avec la vie de ses citoyens en faisant croire à des soulèvements populaires ayant un impact et les distraire des réels problèmes de la société. Une idée lui traversa l’esprit, quitter ce monde. Puis une image de sa famille revint en mémoire…
Il devait rester. Il devait transmettre un futur radieux pour ceux qui vivent dans l’ignorance. Il devait changer ce monde.
En utilisant sa magie au maximum de ses capacités, il réussit à perturber les appareils électriques et ceux qui l’entourent tout en se libérant. Enclenchant les pièges explosifs précédemment installés qui firent exploser plusieurs zones dont les générateurs principaux et de secours, entraînant une réaction en chaîne faisant des centaines de victimes dans la grotte montagneuse qui servait de base. La montagne commençant à s’écrouler sur la base, le chef de la rébellion voulut l’empêcher de la quitter et faire fuiter des informations aussi compromettantes.
Yoligan fatigué et son adversaire atteint par son sort de désordre, ils durent se battre au couteau à cause du sol devenu instable. Un combat de longue haleine où le premier affaibli l’emportait sur le second. Ils enchaînèrent coups faibles sur coups faibles, prises de soumission et dégagements poussifs, entailles et épreuves de force sur leurs dernières ressources. Tombant tous les deux à terre de fatigue. Ils se relevèrent un genou à terre pour tenter d’abattre l’autre mais même combat, leurs forces s’amenuisent mais pas leur détermination à éliminer l’autre. Ils finirent allongés, essayant de poignarder en un dernier espoir de faire saigner l’autre. Ne faisant finalement qu’entrechoquer leurs lames. Ils perdirent connaissance.
Yoligan ouvrit les yeux, remarquant qu’il était confortablement installé dans un lit. Un homme ressemblant étrangement à son père à son chevet le fixait, l’air ravi de le voir s’éveiller. Il apprit par celui-ci qu’il était sur Cocoon et qu’il avait été trouvé endormi et blessé dans une ruelle sombre alors que ce dernier venait de passer. Ils échangèrent quelques informations comme comment vivre dans leur monde respectif en profitant de l’ouverture d’esprit de l’autre. Il lui fit montrer à quel point Cocoon était si parfait malgré les lois assez contraignantes et surtout cette Purge…
Malgré le fait qu’il était intrigué par ce qu’il se passait dans ce monde, il savait que ce n’était pas le sien. Il voulait retourner dans son monde, il le devait. En attendant de pouvoir retourner chez lui, son sauveur lui proposa de l’héberger.
Pendant cinq ans, ignorant totalement ce qu’il se passait dehors et aidant par moments son hôte armurier à forger ses équipements grâce à la supériorité technologique de son monde, il étudia toutes les théories possibles pour retourner chez lui. Faisant des nuits très courtes afin d’optimiser au possible son temps de travail. Désormais plus personne ne pouvait lui apporter la solution à ses soucis, il devait grandir. Les premiers jours étaient difficiles mais sa détermination à retourner chez lui le changea et le rendit mature et sage. Apprenant sur le tas les diverses méthodes de recherche avec les bases qu’il possédait. L’armurier l’assistant lorsqu’il n’était pas derrière la caisse et lui racontant par moments les dernières nouvelles du monde extérieur, notamment les divers troubles majeurs comme l’arrivée au pouvoir d’un fal’Cie suivie plus tard de la liaison entre Cocoon et Gan Pulse à la fin de son règne. Puis ce qui devait arriver arriva. La vague de magie qui semblait-il chamboula les lois du monde, mais au lieu de rendre plus difficile ses recherches ça accéléra puisque ses capteurs qu’il avait conçus mesurèrent les variations nécessaires à l’élaboration de théorie sur laquelle se baser. Ce qui se confirma avec les divers témoignages d’apparitions et disparitions soudaines. Il put alors concevoir son prototype de portail.
Il ne pouvait cependant risquer de se le faire voler ou effacer ses recherches, alors il dut cacher au possible ses travaux. Et comme il n’avait pas de temps à perdre, lorsque sa machine fut prête il l’activa. Persuadé que ça le transportera chez lui, il fit ses adieux à celui qui l’a hébergé et soutenu tout ce temps et entra dedans. Causant une coupure d’énergie sur plusieurs kilomètres autour du portail ainsi prototypé, cependant une fois dedans tout le contenu de la pièce où elle s’y trouvait disparut. Comme happé par le portail. Ne laissant que l’armurier et les objets précédemment rangés dans la pièce dans l’état où ils étaient avant l’arrivée de Yoligan.
Dans le portail Yoligan se retrouva transporté comme dans un vortex bleu et blanc, sa peau prenant des rides. Ce qui l’affola en se demandant comment il allait terminer son voyage entre les mondes. Voyage qui se termina quelques minutes plus tard, lorsque les couleurs s’assombrirent comme si il plongeait dans les abîmes. Ne voyant même plus le bout de son nez. Et c’est ainsi que…
La suite au premier RP*.
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